Le talon d’Achille de Mercedes

Le talon d’Achille de Mercedes

Par Nicolas Carpentiers le 20 décembre 2014 à 14:12









Il y a quelques jours, Paddy Lowe, le directeur exécutif de Mercedes en charge de la technique, a déclaré que sa priorité était d’améliorer la fiabilité des futures W06.

“En réalité, cela fait douze mois que j’ai décidé d’améliorer nos contrôles de qualité, mais ce genre de choses ne se fait pas du jour au lendemain, confie celui qui est le grand témoin du nouveau numéro de F1iMagazine. Au cours de la saison [2014], nous n’avons pas eu le temps de modifier tous les processus qui auraient dû l’être, car le défi principal était de construire une voiture rapide. Une fois que vous en disposez, il est plus simple de se pencher sur la fiabilité. Ferrari a franchi cette étape durant l’ère Schumacher, et ils sont toujours à un très bon niveau dans ce domaine.”

S’il est une ombre au tableau de Mercedes – certes discrète au regard de ses étincelants résultats 2014 –, c’est bien la fiabilité de ses Flèches d’argent.

Au nombre de kilomètres accompli durant la saison écoulée, Mercedes figure en effet seulement au troisième rang, avec 10 615 km bouclés (soit 92,7 % du total), derrière McLaren (11 251 km, soit 98,1 %) et Ferrari (10 720 km, soit 93,7 %), mais devant Red Bull (10 569, soit 95,3 %) (consultez ici les chiffres de la saison 2014). Vous objecterez, à juste titre, qu’il vaut mieux accumuler les victoires que les kilomètres, mais le fait est néanmoins notable. Lewis Hamilton et Nico Rosberg totalisent quatre abandons sur panne mécanique en course, ainsi qu’une longue série d’incidents tout au long des 19 manches du calendrier.

Le tableau ci-dessous, établi par nos excellents confrères anglais de F1Fanatic, détaille la liste des nombreux incidents ayant émaillé les pilotes à l’étoile, ainsi que leurs effets. On avait un peu oublié qu’ils avaient été aussi fréquents…

Incidents mécaniques ayant émaillé les Mercedes W05

Course	Session	Problème	Conséquence	Problème	Conséquence
		Hamilton		Rosberg
AUS	EL1	Casse moteur	Aucun tour bouclé
AUS	Course	Casse moteur	Abandon après pole
BAH	EL1			Batterie à plat	Pas de perte significative de roulage
CHI	EL2	Suspension	Simulation course écourtée
CHI	Course			Panne télémétrie	Trois places perdues au départ
ESP	EL1			Panne ERS	Seulement 9 tours couverts (Hamilton 17)
CAN	Course	Panne ERS	Abandon après avoir doublé Rosberg et pris la tête	Panne ERS	Capable de finir deuxième
AUT	EL1			Problème moteur	Seulement 19 tours couverts (Hamilton 32)
ANG	EL2	Problème moteur	Une demi-heure de roulage perdue
ANG	Course			Transmission	Abandon alors qu’il était en tête
ALL	EL1	Perte puissance moteur	Perd quelques tours
ALL	Qualification	Casse freins	Part dernier
HON	Qualification	Casse turbo	Part dernier
ITA	EL2	Panne électrique	1 heure de roulage perdue
ITA	EL3			Panne transmission	Ne signe aucun chrono
ITA	Course	Procédure départ	Chute de 1er à 4e
SIN	Course			Problème câblage	Abandon alors qu’il s’était qualifié 2e
USA	EL2	Problème transmission	Seulement 18 tours couverts (Rosberg 34)
ABD	Course			Panne ERS	Chute de 2e à 14e

 A été écarté le phénomène de "glaçage" des freins d'Hamilton à Spa, du aux conditions météo.

Question complexe...

Parmi ces accrocs, il est malaisé de quantifier l’impact en points d’un abandon en course (puisqu’on ne peut savoir si un pilote victime d’une panne aurait rallié l’arrivée à la position qu’il occupait auparavant, etc.). On se contentera donc de comparer les malheurs techniques des deux animateurs du défunt championnat.

Grosso modo, les incidents ont été également répartis entre Rosberg et Hamilton. Tous deux ont subi cinq incidents lors d’une session de compétition (qualification ou course), dont deux abandons le dimanche pour chacun (Australie et Canada pour le pilote britannique ; Grande-Bretagne et Singapour pour son voisin de garage). Le cas du Canada illustre la difficulté à attribuer un abandon à la mécanique ou à une erreur de pilotage, voire de réglage. À Montréal, l’ERS est tombé en panne sur les deux W05 : si le futur Champion du monde a jeté l’éponge après la casse de ses freins arrière surchauffés, Rosberg est lui parvenu à rallier l’arrivée en répartissant davantage son freinage sur l’avant… Vaste débat !

Reste que si les Mercedes deviennent aussi fiables que véloces, la concurrence risque de ne plus profiter de ses ratages l’an prochain, comme l’avait fait Red Bull au Grand Prix du Canada, notamment.


http://www.f1i.com/f1i-features/tableau/