Ferrari vs McLaren : 1999, le cinquantième rugissant (6/9)
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Ferrari vs McLaren : 1999, le cinquantième rugissant (6/9)
Adversaires acharnés en 1998, Ferrari et McLaren jouent en 1999 une deuxième fois la partition de leur rivalité. La revanche ne se fait pas sans fausses notes dans les deux camps. Sans son premier violon, Michael Schumacher (blessé à Silverstone), mais grâce à l’organisation de son chef d’orchestre Jean Todt, la Scuderia remporte le championnat des constructeurs à Suzuka, où Mika Häkkinen coiffe une deuxième couronne consécutive chez les pilotes devant Eddie Irvine, offrant à la superbe MP4/14 du compositeur en chef de McLaren, Adrian Newey, une digne récompense de ses qualités, car cette flèche d’argent avait comme sa devancière la MP4/13 atteint la quadrature du cercle en performance pure.
En 1999, Ferrari espère rattraper le retard de 1998 contre McLaren. Schumacher avait signé les 3 dernières poles de la saison 1998 (Monza, Nürburgring, Suzuka) au nez et à la barbe des flèches d’argent, ayant finalement rattrapé le retard colossal affiché en ouverture du championnat à Melbourne.
La Scuderia compte bien damer le pion à Woking, forte d’une nouvelle soufflerie à échelle 1/2 construite par Renzo Piano, architecte du centre Beaubourg à Paris (1977).
Le bureau d’études de Maranello s’est stabilisé autour de Ross Brawn et Rory Byrne, chevilles ouvrières de la Dream Team Benetton en 1994 et 1995.
Mais McLaren-Mercedes va riposter avec la nouvelle MP4/14, en espérant atteindre la quadrature du cercle, performance ultime et fiabilité proche de la perfection. Chefd’orchestre à Woking, Ron Dennis veut faire encore mieux qu’en 1998, considérant que McLaren avait fait trop d’erreurs ... Deux élements vont permettre à l’écurie anglo-allemande de conserverson avance technique sur la Scuderia.
Primo, Ferrari perd Good Year, rejoignant contrainte et forcée le clan Bridgestone, le manufacturier japonais étant en situation de monopole en F1 pour 1999. L’Américain Good Year se retire donc de la compétition fin 1998. McLaren étant la clé de voûte des succès de Bridgestone, Ferrari va donc devoir s’accomoder des gommes japonaises.
Secundo, l’imagination d’Adrian Newey est toujours aussi exceptionnelle. Virtuose de l’aérodynamique, Newey renouvelle presque la totalité des pièces entre la MP4/13 et la MP4/14. Et la nouvelle flèche d’argent est encore un chef d’oeuvre en performance pure ...
Le samedi 6 mars, la déception est immense pour le Kaiser après les qualifications du Grand Prix d’Australie. Ferrari est humiliée par McLaren, qui ouvre le saison sur les chapeaux de roue avec une première ligne Häkkinen - Coulthard. Troisième sur la grille de départ, le pilote allemand concède 1"3 à son rival finlandais ...
L’optimisme n’est guère de mise dans le clan italien en vue de la course du dimanche.
Arrivé en 1996 dans l’écurie italienne, Schumacher avait trouvé Ferrari telle Pompéi après le Vésuve, en ruines ... Jean Todt avait commencé à reconstruire la Scuderia depuis 1993. Jamais l’Allemand n’avait émis la moindre critique contre le Cavallino. A l’été 1996, alors que les bolides écarlates multipliaient les abandons précoces (Montréal, Magny-Cours, Silverstone), la presse italienne jetait l’opprobre sur Todt, demandant le départ de l’ancien copilote de rallyes. Le double champion du monde allemand était alors monté au créneau pour défendre son directeur sportif: La meilleure manière d’affaiblir Ferrari, c’est de virer Todt.
Pour aider Ferrari à reconquérir l’Everest du sport automobile, Schumacher avait accepté de manger son pain noir sur une voiture médiocre en 1996 et 1997. En contrepartie, il exigeait les pleins pouvoir avec un coéquipier désigné numéro 2, Eddie Irvine. La démarche du Kaiser était aux antipodes de celle de Prost et Senna, qui voulaient la meilleure voiture sans se soucier du nom de leur coéquipier (seule exception, Prost en 1993 qui avait mis son veto à la venue de Senna chez Williams-Renault ne voulant pas revivre l’enfer de 1988 et 1989 lors d’une explosive cohabitation chezMcLaren-Honda). La combativité et la détermination de Schumacher, remarquables, en font un gladiateur, et rapidement l’Allemand devient l’idole des tifosi. Très vite, Jean Alesi est oublié et Schumacher n’est plus dominéque parGilles Villeneuve dans la mémoire collective des fans de la Scuderia Ferrari.
Alternant les courses d’épicier derrière les Williams puis les McLaren,et les exploits (Barcelone 1996, Monaco 1997, Spa Francorchamps 1997, Budapest 1998), le champion allemand portait Ferrari sur ses seules épaules. Par deux fois, il avait frôlé le titre attendu chez Ferraridepuis Jody Scheckter en 1979. Mais à Jerez en 1997, à Suzuka en 1998, attiré par l’odeur de la victoire, Schumi était reparti avec le goût amer de la défaite.
Stakhanoviste de l’effort, Schumacher est donc très déçu de voir le nouvel écart entre McLaren et Ferrari à l’orée du championnat 1999, après un hiver entier passé à travailler sur la F399. Présenté comme le favori, l’Allemand a déjà peur que sa troisième couronne ne soit qu’utopie, qu’il faille reporter ses espoirs sur la saison 2000.
Nous ne sommes pas au niveau attendu. La phrase du pilote allemand est laconique, mais elle résume bien sa déception, colossale, à la hauteur de ses espérances. Déjà, Schumacher et Ferrari ont une épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête ... La saison 1999n’a pas même pas commencé que l’état d’urgence semble prêtà être décrété.
Le dimanche australien de McLaren est un véritable Waterloo. Ni Häkkinen ni Coulthard ne rejoignent l’arrivée, trahis par la fiabilité du V10 Mercedes.
Schumacher, lui, est accablé par les problèmes et finit huitième à un tour de son coéquipier Eddie Irvine qui remporte sa première victoire au sein de l’élite.
Au Brésil, Häkkinen poursuit son oeuvre de destruction. Avec une deuxième pole position consécutive, le Finlandais prouve qu’il compte bien conserver son titre de champion du monde. Et sur le circuit d’Interlagos, le pilote McLaren remporte la victoire devant Michael Schumacher. Deuxième en course, le champion allemand a relevé la tête après une décevante quatrième place le samedi (à plus d’une seconde de Häkkinen), battu par Rubens Barrichello, transcendé devant son public dans le cockpit de la Stewart Ford.
A Imola, Häkkinen réalise la passe de trois. Schumacher tire la quintessence de son bolide pour tenter de devancer Coulthard sur la grille. En vain, l’Ecossais reste dauphin de Häkkinen sur la grille de l’autodrome Enzo e Dino Ferrari. Schumacher est encore condamné à la troisième place, comme à Melbourne ...
En course, Häkkinen semble parti pour un cavalier seul et un succès insolent de facilité dans le Grand Prix de Saint-Marin. Le Kaiser, lui, a pu devancer Coulthard dans le premier tour fort d’un bon départ. Après 17 tours, la flèche d’argent de Häkkinen sort de la trajectoire à la chicane des stands. La McLaren du pilote scandinave est contrainte d’abdiquer ... La voie est libre pour Schumacher qui contient les velléités de Coulthard. L’Ecossais accède à son premier podium de la saison tandis que le pilote allemand comble les tifosi avec la première victoire de la campagne 1999. Au championnat du monde, Schumacher prend les commandes avec 16 points, contre 12 pour Eddie Irvine et 10 pour Mika Häkkinen.
Le duel McLaren - Ferrari se poursuit en Principauté de Monaco. Pour la première fois de la saison, Ferrari est en première ligne grâce au pilotage virtuose du champion allemand. Au freinage de Sainte-Dévote, dans le premier tour, Schumi dépasse Mika Häkkinen. L’Allemand réalise ensuite un festival de pilotage dans le dédale monégasque. Frôlant les rails avec une extrême précision, le Baron Rouge creuse l’écart sur Häkkinen à une cadence infernale d’environ une seconde au tour. L’exploit est en marche pour une victoire phénoménale, digne des plus grands pilotes.
Häkkinen est ensuite dépassé par Eddie Irvine. Vainqueur en1998 dans le labyrinthe monégasque, le Finlandais est victime d’un tout-droit dans la descente du Casino. La seconde Ferrari d’Irvine complète le triomphe de Schumacher pour un doublé de l’écurie italienne, le premier de l’Histoire des Rouges sur le Rocher.
L’Allemand, lui, signe une quatrième victoire en Principauté (1994, 1995, 1997, 1999) comme Alain Prost. Seuls Graham Hill et Ayrton Senna ont fait mieux. Schumacher rejoindra le Londonien en 2001 avec une cinquième victoire mais le record de six succès du Brésilien (vainqueuren 1987, 1989,1990, 1991, 1992 et 1993)restera toujours hors de portée de l’Allemand.
Troisième de cette course, Häkkinen limite la casse. Le podium de Monaco met en avant deux paradoxes ...
Primo, Ferrari est battue en performance par McLaren mais le début de saison, sur le plan comptable tourne largement à l’avantage de Maranello sur Woking: 44-20 pour Ferrari chez les constructeurs, 26-14 pour Schumacher contre Häkkinen chez les pilotes ...
Secundo, alors que les sourires de Jean Todt et Michael Schumacher sont bien logiques sur le podium, Eddie Irvine ne peut cacher un masque a priori incompréhensible. Deuxième à Monaco, dauphin de son leader au championnat, le pilote nord-irlandais a changé depuis Melbourne. Après cette première victoire, Irvine n’est plus le coéquipier modèle qu’il était depuis 1996. Agneau sacrifié par Ferrari sur l’autel de la victoire au profit du Kaiser, Eddie Irvine est lassé de jouer au porteur d’eau, d’autant qu’il a progressé et se rapproche, en performance, du champion allemand. Ce nivellement par le haut d’Irvine est à relativiser puisque la F399 de 1999, comme la F300 de 1998, était une monoplace plus facile à conduire que la F310 de 1996 voire la F310B de 1997. Or un pilote d’exception comme Schumacher creuse plus facilement l’écart sur un pilote moins doué tel qu’Irvine avec une voiture plus délicate à maîriser, ce qui explique la réduction de l’écart entre les deux pilotes Ferrari lesamedi en qualifications. Ayant goûté à l’ivresse de la victoire, Irvine veut s’émanciper et sortir de l’ombre du Kaiser ...
En Espagne, Mika Häkkinen remet les pendules à l’heure avec une victoire pleine d’autorité. Sur le circuit de Barcelone, le pilote McLaren s’impose devant son coéquipier écossais David Coulthard. Schumacher n’est que troisième, après avoir été dépassé au premier par la BAR-Supertec de Jacques Villeneuve. Qualifié cinquième, le Canadien a donc gêné l’Allemand qui se contente d’un accessit en Catalogne. Mais le Kaiser conserve les rênes du classement face à son rival Häkkinen (30-24).
Au Canada, Schumacher signe la pole position. Pour la première fois de la saison, Häkkinen est battu le samedi. Sur le circuit Gilles-Villeneuve, l’ogre de Kerpen espère convertir sa pole en victoire. Trois fois vainqueur à Montréal, Schumacher va être victime de la malédiciton du mur des stands. Au trentième tour, l’Allemand détruit sa Ferrari dans le célèbre mur marqué de l’inscription paradoxale Bienvenue au Québec. Deux autres champions du monde, Damon Hill et Jacques Villeneuve, devront abdiquer de même sur l’Ile Notre-Dame. Un seul champion du monde émerge du chaos, Pika Häkkinen. Solide comme un roc, le pilote finlandais a maintenu la pression sur Schumi pour récolter sa troisième victoire de la saison. Le pilote McLaren prend pour la première fois de l’année la tête du championnat du monde (34-30) après ce succès acquis autour de l’ancien bassin utilisé lors des Jeux Olympiques de 1976.
La septième manche du championnat conduit le paddock en France, au coeur de la campagne nivernaise. A Magny-Cours, la qualification est perturbée par une pluie apocalyptique. Rubens Barrichello (Stewart-Ford) signe la pole devant Jean Alesi (Sauber Petronas) et Olivier Panis (Prost-Peugeot). C’est l’hécatombe chez les ténors: Schumacher 6e, Häkkinen 14e, Irvine 17e.
Seul David Coulthard a limité la casse avec une 4e place. Mais l’Ecossais est vite trahi par sa McLaren, pendant que son coéquipier Häkkinen effectue une remontée foudroyante dans le peloton. Schumacher prend un moment la tête de course sous la pluie, fondant sur la proie qu’est Barrichello. Häkkinen récupère ensuite les commandes mais assure le podium, de peur de tomber en panne d’essence. Dans ce chaos, Heinz-Harald Frentzen joue son va-tout avec Jordan Mugen Honda et récupère la victoire! Le pilote allemand, après deux saisons moribondes chez Williams, signe la deuxième victoire de sa carrière (après Imola 1997). Déjà sur le podium en Australie et au Brésil, Frentzen confirme qu’il est le premier outsider de ce championnat, dont Jordan est la troisième force derrière l’aigle bicéphale Ferrari - McLaren.
Cinquième devant Irvine qui a mis une ostensible mauvaise volonté à lui céder sa place, Schumacher perd des points par rapport à Mika Häkkinen (40-32), dauphin de Frentzen dans ce Grand Prix d’anthologie couru sous la pluiede la Nièvre.
A Silverstone, Häkkinen retrouve les joies de la pole position, sa sixième de l’année. Schumacher, deuxième sur la grille, se doit de réagir pour ne pas laisser l’écart grandir. Mauvaise pioche, le Kaiser se retrouve quatrième derrière Häkkinen, Coulthard et Irvine après le virage de Copse qui suit la ligne droite des stands sur l’ancien aérodrome de la Royal Air Force. Lassé de jouer au porteur d’eau, Irvine ne se résoud pas à laisser Schumacher passer, malgré les ordres radio de Jean Todt et Ross Brawn depuis la passerelle de commandement de la Scuderia Ferrari ... L’incroyable arrive alors avec une attaque de Schumacher sur son propre coéquipier, à Stowe ... Mais la F399 du pilote allemand tire tout droit dans le bac à graviers ... La Ferrari tape le mur de pneus à 107 km/h. Le pilote est blessé à la jambe droite avec une double fracture tibia-péroné.
Voilà la Scuderia privée de sa clé de voûte. Evacué au centre médical ducircuit de Silverstone puis à l’hôpital de Northampton, Michael Schumacher sera indisponible pendant plusieurs Grands Prix. Orpheline du double champion du monde, la Scuderia Ferrari reporte ses espoirs de couronne sur Eddie Irvine.
Après le drapeau rouge consécutif à l’accident de Schumi, le Grand Prix de Grande-Bretagne reprend ses droits. Mika Häkkinen est contraint à l’abandon après avoir perdu une roue. McLaren, après avoir réparé le problème sur la flèche d’argent de son champion du monde, décidé par mesure de sécurité et de précaution de ne pas conserver la MP4/14 du Finlandais en piste. La victoire se résume à un duel entre David Coulthard et Eddie Irvine. L’Ecossais de McLaren l’emporte et relance une saison médiocre sur le plan comptable (deux podiums à Imola et Barcelone). Au championnat, Häkkinen mène toujours 40-32, mais contre Eddie Irvine, nouveau leader de Ferrari en l’absence de Michael Schumacher. Le propre frère cadetde Michael, Ralf, a mené sa Williams-Supertec à une superbe troisième place malgré l’accident ayant touché son aîné. Après deux saisons chez Jordan, Ralf Schumacher a gagné en envergure, éclipsant totalement son coéquipier chez Williams, Alex Zanardi, double champion Indycar, aussi décevant que Michael Andretti en 1993 chez McLaren face à Ayrton Senna (avant que Ron Dennis ne le remercie pour faire débuter à Estoril son pilote essayeur, un certain Mika Häkkinen).
Le surlendemain du Grand Prix, Jean Todt choisit Mika Salo comme pilote intérimaire. Congédié par Tyrrell fin 1998, Salo a déjà couru dans cette campagne de 1999, comme coéquipier de Jacques Villeneuve chez BAR, pendant une indisponibilité du jeune rookie brésilien Ricardo Zonta.
Mika Salo débute avec Ferrari en Autriche mais se révèle décevant. Seulement septième sur la grille de Spielberg, le Finlandais n’offre pas l’aide attendue pour Eddie Irvine. De plus, Ferrari a perdu un metteur au point d’exception en la personne de Schumacher. Le développement de la F399 est donc compliqué par cette blessure ... Une fois de plus qualifié en pole, Häkkinen est harponné au premier tour du Grand Prix d’Autriche par son coéquipier Coulthard. Eddie Irvine profite du capharnaüm chez McLaren pour imposer sa Ferrari. Retombé en queue de peloton après le premier tour, Häkkinen parvient à sauver une troisième place sur l’A1 Ring, alors que Coulthard laisse échapper la victoire. Voilà Eddie Irvine revenu à deux points de Mika Häkkinen (44-42) dont l’avance fond comme neige au soleil. Heinz-Harald Frentzen, lui, continue d’engranger les points comme un épicier, avec une quatrième place en Autriche qui fait suite à celle acquise en Grande-Bretagne ...
En Allemagne,Häkkinen part de nouveau en pole position mais doit abandonner après l’éclatement d’un pneu. La violente crevaison dont est victime la Finlandais offre un boulevard aux deux bolides de Ferrari. C’est une marée rouge qui déferle sur Hockenheim, Eddie Irvine s’imposant sur Mika Salo et Heinz-Harald Frentzen, une fois de plus régulier. Irvine prend la tête du championnat (52-44)
A Budapest, Salo est une fois de plus qualifié de façon médiocre. Douzième sur le tourniquet hongrois, Salo laisse Eddie Irvine esseulé face aux McLaren. Häkkinen s’impose devant Coulthard et Irvine en terre magyar. Le Britannique de Ferrari conserve les rênes du classement (56-54) mais le suspense est à son apogée.
En Belgique, McLaren domine facilement sur le juge de paix de Spa Francorchamps... La polémique enfle quand Ron Dennis laisse Coulthard l’emporter sur le toboggan ardennais devant Häkkinen. Le Finlandais perd ainsi quatre points précieux alors que son coéquipier de McLaren aurait pu être sacrifié pour les intérêts supérieurs de Woking. Mais Ron Dennis met en avant son traditionnel credo d’équité entre pilotes, aux antipodes de la politique de Ferrari qui met tous les oeufs dans le même panier (Schumacher, puis Irvine). Quatirème, Eddie Irvine perd la tête du championnat (60-59 pour Häkkinen) alors que Frentzen, troisième, confirme son statut d’outsider des deux top teams. Mika Salo, lui, n’a pas su se qualifier mieux que douzième sur le géant des Ardennes.
A Monza, Häkkinen espère renouer avec la victoire. Le Finlandais signe sa onzième pole de la saison mais part à la faute sur l’autodrome lombard, à la chicane. Le Grand Prix d’Italie revient à Heinz-Harald Frentzen tandis qu’Eddie Irvine n’est que médiocre sixième derrière David Coulthard. Pilier de Jordan, Frentzen écrase son coéquipier, Damon Hill, qui partira à la retraite en fin de saison.
A trois manches de la fin, Häkkinen et Irvine sont au coude à coude (60-60) tandis que Coulthard (48) et Frentzen (46) peuvent encore croire en leur étoile ...
Au Nürburgring, Frentzensurprend les McLaren en signant la pole position sur sa Jordan Mugen Honda. Le Grand Prix d’Europe sera dantesque. Le circuit de l’Eifel connaîtra pléthore de leaders ... Frentzen, Coulthard, Ralf Schumacher, tous contraints à l’abandon ... Une brève ondée pousse McLaren à une erreur stratégique. Häkkinen met des pneus pluie mais doit vite repasser prendre des gommes pour le sec. Dans cette confusion, un trio complètement inédit émerge, Herbert (Stewart), Trulli (Prost) et Barrichello (Stewart). Johnny Herbert, quatre ans après ses deux succès acquis pour Benetton-Renault (Silverstone et Monza 1995), gagne son troisième Grand Prix en F1. Cinquième, Häkkinen devance Irvine, septième ... Le Finlandais reprend un peu d’oxygène au classement (62-60).
En octobre, le paddock se dirige vers Kuala Lumpur pour le premier Grand Prix de Malaisie, sur l’inédit circuit de Sepang. L’évènement est le retour de Michael Schumacher, exigé par le marquis Luca Cordero di Montezemolo, président de Ferrari. Malgré une broche en métaldans sa jambe droite, le Kaiser revient en pleine possession de ses moyens et signe une pole de légende, près d’une seconde devant Häkkinen, sur le tracé technique de Sepang. En course, Schumacher joue le numéro 2 parfait pour Eddie Irvine qui l’emporte. Troisième, Häkkinen sauve l’essentiel et garde le droit d’espérer un épilogue meilleur à Suzuka (70-66 pour Irvine).
Mais les commissaires déclassent les bolides écarlates de Ferrari quelques heures après l’arrivée. Mika Häkkinen, qui récupère la victoire, est champion du monde sur tapis vert (72-60).Quelques jours plus tard, le tribunal d’appel de la FIA revient sur la décision des commissaires du Grand Prix de Malaisie (70-66 pour Irvine).
Au Japon, Schumacher signe de nouveau la pole position devant Häkkinen. Souverain, le Finlandais devance l’Allemand en course. Mais ce dernier ne semble pas au maximum de sa combativité. Veut-il vraiment aider Eddie Irvine autant qu’il le prétend? Veut-il vraiment voir Irvine succéder à Jody Scheckter comme premier pilote Ferrari champion du monde depuis 1979? Veut-il vraiment voir son oeuvre profiter à un autre? Dauphin de Häkkinen sur l’exigeant circuit japonais, Schumacher domine largement Irvine. Cinquième en qualification, troisième en course, Eddie Irvine réalise un week-end médiocre à Suzuka, son circuit fétiche (ayant fait ses classes en F3000 japonaise avant de débuter en F1 en 1993). Indigne de la couronne,Eddie Irvine est finalement dauphin de Häkkinen qui devient double champion du monde (76-74). Avec cinq victoires et une force de caractère immense, le Scandinave a porté McLaren-Mercedes, l’écurie anglaise ayant relâché la pression en interne suite à la blessure de l’ennemi n°1, Michael Schumacher, après Silverstone.
Orpheline du prodige allemand pendant sept courses, Ferrari gagne le titre des constructeurs pour la première fois depuis 1983. Avec ce neuvième titre chez les constructeurs, Ferrari égale le record de Williams. Il reste une marche à franchir chez les pilotes pour que le phénix italien renaisse complètement de ses cendres, en 2000, face à McLaren...
par AxelBorg
http://www.sportvox.fr/article.php3?id_article=28898
En 1999, Ferrari espère rattraper le retard de 1998 contre McLaren. Schumacher avait signé les 3 dernières poles de la saison 1998 (Monza, Nürburgring, Suzuka) au nez et à la barbe des flèches d’argent, ayant finalement rattrapé le retard colossal affiché en ouverture du championnat à Melbourne.
La Scuderia compte bien damer le pion à Woking, forte d’une nouvelle soufflerie à échelle 1/2 construite par Renzo Piano, architecte du centre Beaubourg à Paris (1977).
Le bureau d’études de Maranello s’est stabilisé autour de Ross Brawn et Rory Byrne, chevilles ouvrières de la Dream Team Benetton en 1994 et 1995.
Mais McLaren-Mercedes va riposter avec la nouvelle MP4/14, en espérant atteindre la quadrature du cercle, performance ultime et fiabilité proche de la perfection. Chefd’orchestre à Woking, Ron Dennis veut faire encore mieux qu’en 1998, considérant que McLaren avait fait trop d’erreurs ... Deux élements vont permettre à l’écurie anglo-allemande de conserverson avance technique sur la Scuderia.
Primo, Ferrari perd Good Year, rejoignant contrainte et forcée le clan Bridgestone, le manufacturier japonais étant en situation de monopole en F1 pour 1999. L’Américain Good Year se retire donc de la compétition fin 1998. McLaren étant la clé de voûte des succès de Bridgestone, Ferrari va donc devoir s’accomoder des gommes japonaises.
Secundo, l’imagination d’Adrian Newey est toujours aussi exceptionnelle. Virtuose de l’aérodynamique, Newey renouvelle presque la totalité des pièces entre la MP4/13 et la MP4/14. Et la nouvelle flèche d’argent est encore un chef d’oeuvre en performance pure ...
Le samedi 6 mars, la déception est immense pour le Kaiser après les qualifications du Grand Prix d’Australie. Ferrari est humiliée par McLaren, qui ouvre le saison sur les chapeaux de roue avec une première ligne Häkkinen - Coulthard. Troisième sur la grille de départ, le pilote allemand concède 1"3 à son rival finlandais ...
L’optimisme n’est guère de mise dans le clan italien en vue de la course du dimanche.
Arrivé en 1996 dans l’écurie italienne, Schumacher avait trouvé Ferrari telle Pompéi après le Vésuve, en ruines ... Jean Todt avait commencé à reconstruire la Scuderia depuis 1993. Jamais l’Allemand n’avait émis la moindre critique contre le Cavallino. A l’été 1996, alors que les bolides écarlates multipliaient les abandons précoces (Montréal, Magny-Cours, Silverstone), la presse italienne jetait l’opprobre sur Todt, demandant le départ de l’ancien copilote de rallyes. Le double champion du monde allemand était alors monté au créneau pour défendre son directeur sportif: La meilleure manière d’affaiblir Ferrari, c’est de virer Todt.
Pour aider Ferrari à reconquérir l’Everest du sport automobile, Schumacher avait accepté de manger son pain noir sur une voiture médiocre en 1996 et 1997. En contrepartie, il exigeait les pleins pouvoir avec un coéquipier désigné numéro 2, Eddie Irvine. La démarche du Kaiser était aux antipodes de celle de Prost et Senna, qui voulaient la meilleure voiture sans se soucier du nom de leur coéquipier (seule exception, Prost en 1993 qui avait mis son veto à la venue de Senna chez Williams-Renault ne voulant pas revivre l’enfer de 1988 et 1989 lors d’une explosive cohabitation chezMcLaren-Honda). La combativité et la détermination de Schumacher, remarquables, en font un gladiateur, et rapidement l’Allemand devient l’idole des tifosi. Très vite, Jean Alesi est oublié et Schumacher n’est plus dominéque parGilles Villeneuve dans la mémoire collective des fans de la Scuderia Ferrari.
Alternant les courses d’épicier derrière les Williams puis les McLaren,et les exploits (Barcelone 1996, Monaco 1997, Spa Francorchamps 1997, Budapest 1998), le champion allemand portait Ferrari sur ses seules épaules. Par deux fois, il avait frôlé le titre attendu chez Ferraridepuis Jody Scheckter en 1979. Mais à Jerez en 1997, à Suzuka en 1998, attiré par l’odeur de la victoire, Schumi était reparti avec le goût amer de la défaite.
Stakhanoviste de l’effort, Schumacher est donc très déçu de voir le nouvel écart entre McLaren et Ferrari à l’orée du championnat 1999, après un hiver entier passé à travailler sur la F399. Présenté comme le favori, l’Allemand a déjà peur que sa troisième couronne ne soit qu’utopie, qu’il faille reporter ses espoirs sur la saison 2000.
Nous ne sommes pas au niveau attendu. La phrase du pilote allemand est laconique, mais elle résume bien sa déception, colossale, à la hauteur de ses espérances. Déjà, Schumacher et Ferrari ont une épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête ... La saison 1999n’a pas même pas commencé que l’état d’urgence semble prêtà être décrété.
Le dimanche australien de McLaren est un véritable Waterloo. Ni Häkkinen ni Coulthard ne rejoignent l’arrivée, trahis par la fiabilité du V10 Mercedes.
Schumacher, lui, est accablé par les problèmes et finit huitième à un tour de son coéquipier Eddie Irvine qui remporte sa première victoire au sein de l’élite.
Au Brésil, Häkkinen poursuit son oeuvre de destruction. Avec une deuxième pole position consécutive, le Finlandais prouve qu’il compte bien conserver son titre de champion du monde. Et sur le circuit d’Interlagos, le pilote McLaren remporte la victoire devant Michael Schumacher. Deuxième en course, le champion allemand a relevé la tête après une décevante quatrième place le samedi (à plus d’une seconde de Häkkinen), battu par Rubens Barrichello, transcendé devant son public dans le cockpit de la Stewart Ford.
A Imola, Häkkinen réalise la passe de trois. Schumacher tire la quintessence de son bolide pour tenter de devancer Coulthard sur la grille. En vain, l’Ecossais reste dauphin de Häkkinen sur la grille de l’autodrome Enzo e Dino Ferrari. Schumacher est encore condamné à la troisième place, comme à Melbourne ...
En course, Häkkinen semble parti pour un cavalier seul et un succès insolent de facilité dans le Grand Prix de Saint-Marin. Le Kaiser, lui, a pu devancer Coulthard dans le premier tour fort d’un bon départ. Après 17 tours, la flèche d’argent de Häkkinen sort de la trajectoire à la chicane des stands. La McLaren du pilote scandinave est contrainte d’abdiquer ... La voie est libre pour Schumacher qui contient les velléités de Coulthard. L’Ecossais accède à son premier podium de la saison tandis que le pilote allemand comble les tifosi avec la première victoire de la campagne 1999. Au championnat du monde, Schumacher prend les commandes avec 16 points, contre 12 pour Eddie Irvine et 10 pour Mika Häkkinen.
Le duel McLaren - Ferrari se poursuit en Principauté de Monaco. Pour la première fois de la saison, Ferrari est en première ligne grâce au pilotage virtuose du champion allemand. Au freinage de Sainte-Dévote, dans le premier tour, Schumi dépasse Mika Häkkinen. L’Allemand réalise ensuite un festival de pilotage dans le dédale monégasque. Frôlant les rails avec une extrême précision, le Baron Rouge creuse l’écart sur Häkkinen à une cadence infernale d’environ une seconde au tour. L’exploit est en marche pour une victoire phénoménale, digne des plus grands pilotes.
Häkkinen est ensuite dépassé par Eddie Irvine. Vainqueur en1998 dans le labyrinthe monégasque, le Finlandais est victime d’un tout-droit dans la descente du Casino. La seconde Ferrari d’Irvine complète le triomphe de Schumacher pour un doublé de l’écurie italienne, le premier de l’Histoire des Rouges sur le Rocher.
L’Allemand, lui, signe une quatrième victoire en Principauté (1994, 1995, 1997, 1999) comme Alain Prost. Seuls Graham Hill et Ayrton Senna ont fait mieux. Schumacher rejoindra le Londonien en 2001 avec une cinquième victoire mais le record de six succès du Brésilien (vainqueuren 1987, 1989,1990, 1991, 1992 et 1993)restera toujours hors de portée de l’Allemand.
Troisième de cette course, Häkkinen limite la casse. Le podium de Monaco met en avant deux paradoxes ...
Primo, Ferrari est battue en performance par McLaren mais le début de saison, sur le plan comptable tourne largement à l’avantage de Maranello sur Woking: 44-20 pour Ferrari chez les constructeurs, 26-14 pour Schumacher contre Häkkinen chez les pilotes ...
Secundo, alors que les sourires de Jean Todt et Michael Schumacher sont bien logiques sur le podium, Eddie Irvine ne peut cacher un masque a priori incompréhensible. Deuxième à Monaco, dauphin de son leader au championnat, le pilote nord-irlandais a changé depuis Melbourne. Après cette première victoire, Irvine n’est plus le coéquipier modèle qu’il était depuis 1996. Agneau sacrifié par Ferrari sur l’autel de la victoire au profit du Kaiser, Eddie Irvine est lassé de jouer au porteur d’eau, d’autant qu’il a progressé et se rapproche, en performance, du champion allemand. Ce nivellement par le haut d’Irvine est à relativiser puisque la F399 de 1999, comme la F300 de 1998, était une monoplace plus facile à conduire que la F310 de 1996 voire la F310B de 1997. Or un pilote d’exception comme Schumacher creuse plus facilement l’écart sur un pilote moins doué tel qu’Irvine avec une voiture plus délicate à maîriser, ce qui explique la réduction de l’écart entre les deux pilotes Ferrari lesamedi en qualifications. Ayant goûté à l’ivresse de la victoire, Irvine veut s’émanciper et sortir de l’ombre du Kaiser ...
En Espagne, Mika Häkkinen remet les pendules à l’heure avec une victoire pleine d’autorité. Sur le circuit de Barcelone, le pilote McLaren s’impose devant son coéquipier écossais David Coulthard. Schumacher n’est que troisième, après avoir été dépassé au premier par la BAR-Supertec de Jacques Villeneuve. Qualifié cinquième, le Canadien a donc gêné l’Allemand qui se contente d’un accessit en Catalogne. Mais le Kaiser conserve les rênes du classement face à son rival Häkkinen (30-24).
Au Canada, Schumacher signe la pole position. Pour la première fois de la saison, Häkkinen est battu le samedi. Sur le circuit Gilles-Villeneuve, l’ogre de Kerpen espère convertir sa pole en victoire. Trois fois vainqueur à Montréal, Schumacher va être victime de la malédiciton du mur des stands. Au trentième tour, l’Allemand détruit sa Ferrari dans le célèbre mur marqué de l’inscription paradoxale Bienvenue au Québec. Deux autres champions du monde, Damon Hill et Jacques Villeneuve, devront abdiquer de même sur l’Ile Notre-Dame. Un seul champion du monde émerge du chaos, Pika Häkkinen. Solide comme un roc, le pilote finlandais a maintenu la pression sur Schumi pour récolter sa troisième victoire de la saison. Le pilote McLaren prend pour la première fois de l’année la tête du championnat du monde (34-30) après ce succès acquis autour de l’ancien bassin utilisé lors des Jeux Olympiques de 1976.
La septième manche du championnat conduit le paddock en France, au coeur de la campagne nivernaise. A Magny-Cours, la qualification est perturbée par une pluie apocalyptique. Rubens Barrichello (Stewart-Ford) signe la pole devant Jean Alesi (Sauber Petronas) et Olivier Panis (Prost-Peugeot). C’est l’hécatombe chez les ténors: Schumacher 6e, Häkkinen 14e, Irvine 17e.
Seul David Coulthard a limité la casse avec une 4e place. Mais l’Ecossais est vite trahi par sa McLaren, pendant que son coéquipier Häkkinen effectue une remontée foudroyante dans le peloton. Schumacher prend un moment la tête de course sous la pluie, fondant sur la proie qu’est Barrichello. Häkkinen récupère ensuite les commandes mais assure le podium, de peur de tomber en panne d’essence. Dans ce chaos, Heinz-Harald Frentzen joue son va-tout avec Jordan Mugen Honda et récupère la victoire! Le pilote allemand, après deux saisons moribondes chez Williams, signe la deuxième victoire de sa carrière (après Imola 1997). Déjà sur le podium en Australie et au Brésil, Frentzen confirme qu’il est le premier outsider de ce championnat, dont Jordan est la troisième force derrière l’aigle bicéphale Ferrari - McLaren.
Cinquième devant Irvine qui a mis une ostensible mauvaise volonté à lui céder sa place, Schumacher perd des points par rapport à Mika Häkkinen (40-32), dauphin de Frentzen dans ce Grand Prix d’anthologie couru sous la pluiede la Nièvre.
A Silverstone, Häkkinen retrouve les joies de la pole position, sa sixième de l’année. Schumacher, deuxième sur la grille, se doit de réagir pour ne pas laisser l’écart grandir. Mauvaise pioche, le Kaiser se retrouve quatrième derrière Häkkinen, Coulthard et Irvine après le virage de Copse qui suit la ligne droite des stands sur l’ancien aérodrome de la Royal Air Force. Lassé de jouer au porteur d’eau, Irvine ne se résoud pas à laisser Schumacher passer, malgré les ordres radio de Jean Todt et Ross Brawn depuis la passerelle de commandement de la Scuderia Ferrari ... L’incroyable arrive alors avec une attaque de Schumacher sur son propre coéquipier, à Stowe ... Mais la F399 du pilote allemand tire tout droit dans le bac à graviers ... La Ferrari tape le mur de pneus à 107 km/h. Le pilote est blessé à la jambe droite avec une double fracture tibia-péroné.
Voilà la Scuderia privée de sa clé de voûte. Evacué au centre médical ducircuit de Silverstone puis à l’hôpital de Northampton, Michael Schumacher sera indisponible pendant plusieurs Grands Prix. Orpheline du double champion du monde, la Scuderia Ferrari reporte ses espoirs de couronne sur Eddie Irvine.
Après le drapeau rouge consécutif à l’accident de Schumi, le Grand Prix de Grande-Bretagne reprend ses droits. Mika Häkkinen est contraint à l’abandon après avoir perdu une roue. McLaren, après avoir réparé le problème sur la flèche d’argent de son champion du monde, décidé par mesure de sécurité et de précaution de ne pas conserver la MP4/14 du Finlandais en piste. La victoire se résume à un duel entre David Coulthard et Eddie Irvine. L’Ecossais de McLaren l’emporte et relance une saison médiocre sur le plan comptable (deux podiums à Imola et Barcelone). Au championnat, Häkkinen mène toujours 40-32, mais contre Eddie Irvine, nouveau leader de Ferrari en l’absence de Michael Schumacher. Le propre frère cadetde Michael, Ralf, a mené sa Williams-Supertec à une superbe troisième place malgré l’accident ayant touché son aîné. Après deux saisons chez Jordan, Ralf Schumacher a gagné en envergure, éclipsant totalement son coéquipier chez Williams, Alex Zanardi, double champion Indycar, aussi décevant que Michael Andretti en 1993 chez McLaren face à Ayrton Senna (avant que Ron Dennis ne le remercie pour faire débuter à Estoril son pilote essayeur, un certain Mika Häkkinen).
Le surlendemain du Grand Prix, Jean Todt choisit Mika Salo comme pilote intérimaire. Congédié par Tyrrell fin 1998, Salo a déjà couru dans cette campagne de 1999, comme coéquipier de Jacques Villeneuve chez BAR, pendant une indisponibilité du jeune rookie brésilien Ricardo Zonta.
Mika Salo débute avec Ferrari en Autriche mais se révèle décevant. Seulement septième sur la grille de Spielberg, le Finlandais n’offre pas l’aide attendue pour Eddie Irvine. De plus, Ferrari a perdu un metteur au point d’exception en la personne de Schumacher. Le développement de la F399 est donc compliqué par cette blessure ... Une fois de plus qualifié en pole, Häkkinen est harponné au premier tour du Grand Prix d’Autriche par son coéquipier Coulthard. Eddie Irvine profite du capharnaüm chez McLaren pour imposer sa Ferrari. Retombé en queue de peloton après le premier tour, Häkkinen parvient à sauver une troisième place sur l’A1 Ring, alors que Coulthard laisse échapper la victoire. Voilà Eddie Irvine revenu à deux points de Mika Häkkinen (44-42) dont l’avance fond comme neige au soleil. Heinz-Harald Frentzen, lui, continue d’engranger les points comme un épicier, avec une quatrième place en Autriche qui fait suite à celle acquise en Grande-Bretagne ...
En Allemagne,Häkkinen part de nouveau en pole position mais doit abandonner après l’éclatement d’un pneu. La violente crevaison dont est victime la Finlandais offre un boulevard aux deux bolides de Ferrari. C’est une marée rouge qui déferle sur Hockenheim, Eddie Irvine s’imposant sur Mika Salo et Heinz-Harald Frentzen, une fois de plus régulier. Irvine prend la tête du championnat (52-44)
A Budapest, Salo est une fois de plus qualifié de façon médiocre. Douzième sur le tourniquet hongrois, Salo laisse Eddie Irvine esseulé face aux McLaren. Häkkinen s’impose devant Coulthard et Irvine en terre magyar. Le Britannique de Ferrari conserve les rênes du classement (56-54) mais le suspense est à son apogée.
En Belgique, McLaren domine facilement sur le juge de paix de Spa Francorchamps... La polémique enfle quand Ron Dennis laisse Coulthard l’emporter sur le toboggan ardennais devant Häkkinen. Le Finlandais perd ainsi quatre points précieux alors que son coéquipier de McLaren aurait pu être sacrifié pour les intérêts supérieurs de Woking. Mais Ron Dennis met en avant son traditionnel credo d’équité entre pilotes, aux antipodes de la politique de Ferrari qui met tous les oeufs dans le même panier (Schumacher, puis Irvine). Quatirème, Eddie Irvine perd la tête du championnat (60-59 pour Häkkinen) alors que Frentzen, troisième, confirme son statut d’outsider des deux top teams. Mika Salo, lui, n’a pas su se qualifier mieux que douzième sur le géant des Ardennes.
A Monza, Häkkinen espère renouer avec la victoire. Le Finlandais signe sa onzième pole de la saison mais part à la faute sur l’autodrome lombard, à la chicane. Le Grand Prix d’Italie revient à Heinz-Harald Frentzen tandis qu’Eddie Irvine n’est que médiocre sixième derrière David Coulthard. Pilier de Jordan, Frentzen écrase son coéquipier, Damon Hill, qui partira à la retraite en fin de saison.
A trois manches de la fin, Häkkinen et Irvine sont au coude à coude (60-60) tandis que Coulthard (48) et Frentzen (46) peuvent encore croire en leur étoile ...
Au Nürburgring, Frentzensurprend les McLaren en signant la pole position sur sa Jordan Mugen Honda. Le Grand Prix d’Europe sera dantesque. Le circuit de l’Eifel connaîtra pléthore de leaders ... Frentzen, Coulthard, Ralf Schumacher, tous contraints à l’abandon ... Une brève ondée pousse McLaren à une erreur stratégique. Häkkinen met des pneus pluie mais doit vite repasser prendre des gommes pour le sec. Dans cette confusion, un trio complètement inédit émerge, Herbert (Stewart), Trulli (Prost) et Barrichello (Stewart). Johnny Herbert, quatre ans après ses deux succès acquis pour Benetton-Renault (Silverstone et Monza 1995), gagne son troisième Grand Prix en F1. Cinquième, Häkkinen devance Irvine, septième ... Le Finlandais reprend un peu d’oxygène au classement (62-60).
En octobre, le paddock se dirige vers Kuala Lumpur pour le premier Grand Prix de Malaisie, sur l’inédit circuit de Sepang. L’évènement est le retour de Michael Schumacher, exigé par le marquis Luca Cordero di Montezemolo, président de Ferrari. Malgré une broche en métaldans sa jambe droite, le Kaiser revient en pleine possession de ses moyens et signe une pole de légende, près d’une seconde devant Häkkinen, sur le tracé technique de Sepang. En course, Schumacher joue le numéro 2 parfait pour Eddie Irvine qui l’emporte. Troisième, Häkkinen sauve l’essentiel et garde le droit d’espérer un épilogue meilleur à Suzuka (70-66 pour Irvine).
Mais les commissaires déclassent les bolides écarlates de Ferrari quelques heures après l’arrivée. Mika Häkkinen, qui récupère la victoire, est champion du monde sur tapis vert (72-60).Quelques jours plus tard, le tribunal d’appel de la FIA revient sur la décision des commissaires du Grand Prix de Malaisie (70-66 pour Irvine).
Au Japon, Schumacher signe de nouveau la pole position devant Häkkinen. Souverain, le Finlandais devance l’Allemand en course. Mais ce dernier ne semble pas au maximum de sa combativité. Veut-il vraiment aider Eddie Irvine autant qu’il le prétend? Veut-il vraiment voir Irvine succéder à Jody Scheckter comme premier pilote Ferrari champion du monde depuis 1979? Veut-il vraiment voir son oeuvre profiter à un autre? Dauphin de Häkkinen sur l’exigeant circuit japonais, Schumacher domine largement Irvine. Cinquième en qualification, troisième en course, Eddie Irvine réalise un week-end médiocre à Suzuka, son circuit fétiche (ayant fait ses classes en F3000 japonaise avant de débuter en F1 en 1993). Indigne de la couronne,Eddie Irvine est finalement dauphin de Häkkinen qui devient double champion du monde (76-74). Avec cinq victoires et une force de caractère immense, le Scandinave a porté McLaren-Mercedes, l’écurie anglaise ayant relâché la pression en interne suite à la blessure de l’ennemi n°1, Michael Schumacher, après Silverstone.
Orpheline du prodige allemand pendant sept courses, Ferrari gagne le titre des constructeurs pour la première fois depuis 1983. Avec ce neuvième titre chez les constructeurs, Ferrari égale le record de Williams. Il reste une marche à franchir chez les pilotes pour que le phénix italien renaisse complètement de ses cendres, en 2000, face à McLaren...
par AxelBorg
http://www.sportvox.fr/article.php3?id_article=28898
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