La grille la moins expérimentée depuis 2004

L’air de rien, c’est à un véritable rajeunissement des cadres auquel nous assistons cette saison. En effet, la grille 2013 est la moins expérimentée depuis 2004, si l’on compte le nombre de départs moyen par pilote.

Cette année, la moyenne des départs pris par pilote est de 74,86, contre 81,32 l’an passé. La baisse s’explique tout simplement par l’arrivée de cinq néophytes, qui, comme leur nom l’indique, n’ont pris aucun départ en Grand Prix jusqu’à aujourd’hui : Jules Bianchi (Marussia), Valtteri Bottas (Williams), Esteban Gutiérrez (Sauber), Giedo van der Garde (Caterham) et Max Chilton (Marussia). Sans oublier les débutants d’hier, qui ont disputé un nombre relativement limité de Grands Prix : Charles Pic et Jean-Eric Vergne, arrivés en 2012, comptent une saison à leur actif, alors que Paul Di Resta, Pastor Maldonado et Sergio Pérez ont disputé deux campagnes en tout et pour tout…

La situation est très différente de celle observée en 2011. Cette année-là, la grille était la plus expérimentée de toute l’histoire de la F1, avec 96,95 départ en moyenne pour chaque pilote… Soit environ vingt de moins qu’aujourd’hui !

C’est qu’en deux saisons, la F1 a perdu de vieux briscards aux carrières exceptionnellement longues, tels Rubens Barrichello, recordman des départs (322), Michael Schumacher (306) et Jarno Trulli (252). Ces départs, combinés avec l’arrivée de cinq rookies, expliquent qu’il faille remonter à 2004 pour trouver une grille aussi peu expérimentée que celle de cette année, comme on le voit sur le graphique ci-dessous.

Année par année, le nombre moyen de départs par pilote : 2013 est au niveau de 2004, avec beaucoup de néophytes.

Sur ce schéma, on constate aussi que le niveau d’expérience en Grand Prix de cette année rejoint celui du début des années 2000, avec une moyenne de 65 départs par pilote. Il est vrai que la retraite de Michael Schumacher a fait nettement baisser la moyenne…

Les raisons de l’afflux massif de débutants cette saison (cinq contre deux – Pic et Vergne – en 2012) tiennent bien entendu par la fragilisation des finances des écuries. Ayant de plus en plus de mal à trouver des sponsors, les équipes préfèrent des pilotes aux valises bien garnies plutôt qu’au CV bien rempli. Ce qui ne signifie pas que certains ne peuvent avoir les deux. Si Gutiérrez, van der Garde et Chilton semblent surtout devoir leur accession à leurs soutiens sonnants et trébuchants, Bianchi et Bottas ont prouvé qu’ils possèdent un bon coup de volant et leur place en Grand Prix. Le Finlandais a été promu chez Williams l’an dernier grâce à l’apport de quelques sponsors finlandais (le conglomérat Wihuri), mais il n’apporte certainement pas les 14 millions de dollars que Bruno Senna avait mis sur la table pour rejoindre Grove…

Bref, si tous les pilotes contribuent, peu ou prou, au financement de leur équipe, comme nous l’avons expliqué dans notre newsletter du 23 janvier (à laquelle vous pouvez vous abonner gratuitement en cliquant ici), la cuvée 2013, avec cinq néophytes, reflète particulièrement la situation économique fragile des écuries de F1. Que Marussia et Caterham fassent le choix de duos de pilotes jeunes (Pic-van der Garde et Bianchi-Chilton) est à ce titre révélateur. Mais Fernando Alonso, en son temps, n’avait-il pas bénéficié du soutien de Lease Plan pour financer son volant chez Minardi ?

Ce qui interpelle, c’est que l’expérience en Grand Prix n’a plus beaucoup de valeur aujourd’hui si elle ne s’accompagne pas d’un budget, fût-il partiel. Voyez les cas Buemi et Alguersuari, riches de plusieurs saisons mais pauvres de financements après leur abandon par le Taureau Rouge.

Les jeunes pilotes doués sont légion et les places au sommet assez rares…

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