Les pilotes payants font plus que jamais débat dans le paddock
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Les pilotes payants font plus que jamais débat dans le paddock
Alors que Martin Whitmarsh juge qu’il est triste de voir le nombre de pilotes payants augmenter en Formule 1, Cyril Abiteboul défend la décision de Caterham d’avoir fait appel à des pilotes pouvant apporter un budget en plus de leur talent. Récemment promu chez Marussia, en remplacement de Timo Glock, Luiz Razia estime quant à lui ne pas avoir usurpé sa place en Formule 1.
Chaque année, alors que le plateau de la Formule 1 se dessine au fur et à mesure des transferts, le recrutement de pilotes dits payants suscite toujours le débat au sein du paddock. S’il fut un temps où les écuries tentaient de justifier les réelles motivations derrière le recrutement de pilotes que l’on savait richement dotés, les écuries les plus fragiles du paddock ne se cachent désormais plus pour reconnaître que leur situation économique nécessite de tenir compte des critères financiers dans le choix de leurs pilotes : « Je pense qu’il est juste de dire que nous avons des pilotes qui ont une valeur commerciale, » reconnaît Cyril Abiteboul, directeur de l’écurie Caterham, auprès de Sky Sports. « Je ne sais pas si le terme d’ambassadeur convient, mais ils sont soutenus par des entreprises [et] je ne vois pas cela comme quelque chose de négatif. Je pense qu’il y a un bon équilibre entre leur valeur sportive et commerciale. Giedo [van der Garde] est avec McGregor, une société qui le soutient depuis 2007 je crois. S’ils le soutiennent depuis cinq ou six ans, ça veut dire quelque chose. McGregor a également sponsorisé Williams et a été impliqué au sein d’autres écuries. Ils comprennent comment fonctionne la Formule 1. Le fait qu’ils soutiennent un pilote en particulier est un autre argument en faveur de Giedo. C’est pareil avec Charles, qui est soutenu par Renault. Ce sont des choses qui comptent parce que lorsque vous êtes une jeune équipe, ce n’est pas facile d’attirer des sponsors. C’est quelque chose dont nous n’avons pas honte de dire que nous avons besoin, mais je ne pense pas que nous ayons donné davantage d’importance à cet aspect comparé aux autres caractéristiques d’un pilote. »
Si le phénomène semble prendre de l’ampleur cette saison, cela paraît avant tout lié à une prise de conscience par certaines écuries qu’elles vivaient sans doute au-dessus des moyens que leur permettait le contexte économique actuel. En effet, en faisant appel à des pilotes expérimentés tels que Timo Glock, Heikki Kovalainen, Jarno Trulli ou encore Pedro de la Rosa, les nouvelles écuries que sont Caterham (ex-Lotus), Marussia (ex-Virgin) et feu HRT témoignaient d’une ambition dont Cyril Abiteboul reconnaît aujourd’hui qu’elle n’était peut-être pas adaptée à la réalité de leur situation : « Peut-être que ce qui a été fait par le passé n’a pas très bien fonctionné parce que chacun s’attendait à ce que Caterham rejoigne le milieu du peloton plus rapidement, » analyse le directeur de l’écurie Caterham. « Ce n’est pas arrivé [et] nous savons qu’il n’y a pas de raccourci en Formule 1. Les pilotes font partie de l’équipe, mais ce ne sont qu’un élément parmi tant d’autres. Peut-être sont-ils l’élément le plus important, mais étant donnée la voiture que nous avons, je ne pense pas que ce soit le cas. Encore une fois, ça dépend de là où on se situe. Ce n’est pas notre première priorité. »
Certains regrettent cependant cette recrudescence des pilotes payants, à commencer par Martin Whitmarsh : « Je trouve personnellement cela triste qu’il y ait tant de pilotes payants en Formule 1, » regrette le directeur de l’écurie McLaren, en parallèle des essais privés de Jerez. « Le nombre a augmenté et je suis sûr que c’est bien pour ceux qui peuvent se le permettre, mais on pourrait espérer ne pas avoir à engager des pilotes payants dans le pinacle des sports mécaniques. Ça signifie qu’il y a quelques bons et jeunes pilotes professionnels qui ne peuvent pas venir et qui ne viennent pas. Le roulement des pilotes est désormais très faible et donc les équipes deviennent conservatrices et ne prennent pas de risques, cela se matérialise par des ressources immédiates pour l’équipe mais ça ne se concrétise pas dans le développement de leur potentiel futur pilote. C’est triste à dire mais la raison pour laquelle certains de ces garçons sont des pilotes payant – pas tous – c’est qu’ils ne sont fondamentalement pas assez bons pour être en Formule 1. »
Si Bob Fernley, directeur adjoint de l’écurie Sahara Force India reconnaît, dans Autosport, avoir « du mal avec la notion de “pilote payant” » et estime que « les pilotes qui sont en Formule 1 sont de très bonne qualité » et que « le fait qu’ils aient la possibilité d’apporter un budget en plus ne devrait pas être perçu négativement », Felipe Massa abonde quant à lui dans le sens de Martin Whitmarsh en critiquant notamment la pression qui s’exerce sur les pilotes pour qu’ils apportent un budget : « Nous savons que beaucoup de pilotes, pour arriver en Formule 1, doivent désormais avoir des sponsors et de l’argent, notamment dans les petites équipes. Honnêtement, ce n’est pas une bonne chose pour la Formule 1. »
La problématique des pilotes payants ne doit cependant pas aboutir à une remise en cause des écuries qui y ont recours alors que celles-ci sont contraintes de lutter avec un déficit parfois abyssal en termes d’exposition médiatique comparées aux autres écuries de pointe : « Les équipes qui brillent en piste sont en mesure d’attirer les sponsors, nous le savons, » souligne Cyril Abiteboul. « Mais c’est l’éternelle question de qui est le premier de l’œuf ou de la poule, alors nous avons besoin de devenir attractifs et de sortir des sentiers battus d’un point de vue marketing afin d’accroitre notre capacité de sponsoring. »
Pour sa part, Martin Whitmarsh pointe du doigt le manque de renouvellement dans les viviers de la Formule 1 que sont les formules de promotions, à commencer par le GP2 Series où trois des cinq rookies recrutés cette saison ont usé leurs fonds de culotte pendant plus de trois saisons : « Si lors du développement d’une formule [de promotion], on détermine qu’un pilote ne peut rester que deux ans et que chaque écurie doit engager un débutant, je pense qu’on purifierait le système pour qu’il permette aux pilotes d’y faire leurs preuves. Ce serait bien et je le dis depuis longtemps : avoir des pilotes, dans les catégories de promotion, qui sont là pendant quatre ou cinq ans parce qu’ils ne peuvent pas se permettre d’aller ailleurs, ça engorge le système. Si ART et les écuries de pointe devaient engager un débutant, alors il y aurait une bataille pour s’attribuer ses services. Un bon pilote débutant pourrait émerger parce que ces grandes écuries ont besoin de lui. »
Toujours est-il que ces pilotes dits payants refusent de jouer le mauvais rôle, à commencer par Luiz Razia qui, avant même d’être officialisé chez Marussia, réagissait face aux inévitables questions sur sa légitimité : « Parfois, les pilotes ont l’impression d’être présentés comme les vilains petits canards, mais ce n’est pas vrai. Nous sommes ici pour réaliser notre rêve et je suis ici pour réaliser mon rêve qui est d’être en Formule 1. Je suis un pilote très talentueux et j’ai eu des résultats tout au long de ma carrière : j’ai été champion de Formule 3, j’ai terminé 3ème en F3000 et je suis vice-champion en GP2 où j’ai remporté des courses. J’ai réalisé les résultats dont j’avais besoin et je pense avoir du talent. Mais c’est comme ça que ça fonctionne maintenant, n’est-ce pas ? Il faut avoir des soutiens financiers pour vous aider à débuter vos carrières : évidemment, quand vous réussissez en Formule 1, vous avez sans doute un retour sur investissement, mais je suis à l’aise avec ça. Je suis satisfait de mes résultats et je pense que je suis là pour l’ensemble de ces raisons. »
Yannick Hedou
http://www.fan-f1.com/f1/2013/actualite/14969-F1-Les-pilotes-payants-font-plus-que-jamais-debat-dans-le-paddock.html
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