Et maintenant pour Red Bull ?
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Et maintenant pour Red Bull ?
Lorsqu'il lui a été demandé si Sebastian Vettel allait être puni pour avoir très clairement défié son autorité pendant le Grand Prix de Malaisie, Christian Horner a simplement répondu qu'il allait parler à son pilote derrière des portes closes. Mais au fond, que peut-il vraiment faire pour le ramener à l'ordre ?
La Formule 1 n'est pas comme les autres disciplines sportives. On ne peut pas suspendre Vettel pendant quelques courses sans sérieusement affecter les chances de Red Bull dans le championnat des pilotes et celui des constructeurs, et par la même occasion, l'avenir financier de l'équipe en termes de redevances. Le pilote et la voiture sont étroitement liés, et la F1 tellement compétitive, que tout pilote suppléant se traduirait très probablement par une grandes perte pour l'équipe au niveau des points.
Imposer une amende ou réduire le salaire est toujours possible, comme c'est le cas dans d'autres milieux sportifs. Mais pour un pilote comme Vettel qui gagne déjà beaucoup, les sept points supplémentaires gagnés en Malaisie vaudront bien le prix à payer s'ils lui permettent de remporter le championnat à la fin de la saison.
Ce que les actions de Vettel ont démontré, en fait, c'est à quel point des écuries comme Red Bull sont dépendantes de pilotes qui doivent accepter d'être des joueurs d'équipe. Surtout lorsqu'il s'agit d'écuries de pointe qui se battent à l'avant du peloton pour de grands enjeux. La Formule 1 est un sport d'équipe, mais ultimement c'est au pilote de décider s'il préfère jouer seul. Grâce au volant qu'il tient entre ses mains et aux pédales à ses pieds, il peut tenir son équipe en otage... et il y a peu de choses que l'équipe puisse faire pour contrer une telle attitude.
Bien entendu, la balance du pouvoir entre l'équipe et le pilote change à mesure que l'on se rapproche du sommet de la hiérarchie. Prenons l'exemple de Paul di Resta lors du GP d'Australie. Vers la fin de la course, il se rapprochait rapidement de son coéquipier Adrian Sutil et était en mesure de se battre contre lui pour la 7e place. Il avait clairement le rythme pour passer devant, mais il a plutôt obéi aux consignes en maintenant sa position. Force India avait l'opportunité de marquer 10 points (soit 10 % du total de points récoltés en 2012) et di Resta a choisi, même si c'est avec une certaine réticence, de placer les intérêts de son équipe au-dessus de ses ambitions personnelles et de sa propre bataille avec Sutil.
"Je pense que c'était assez évident (que je pouvais le dépasser), non ? Lorsque vous gagnez trois secondes au tour sur quelqu'un...", a commenté di Resta. Il n'a pas terminé sa phrase, se souvenant probablement à quel point il était dépendant de l'équipe qui lui a donné la chance de devenir pilote titulaire en F1. "Essentiellement, nous étions en bonne posture alors je devais l'accepter. C'était un peu frustrant car j'avais une voiture qui pouvait potentiellement terminer à la 7e place."
Plus haut dans la hiérarchie, les enjeux sont plus importants pour les pilotes puisque l'objectif est de remporter le championnat du monde. Par conséquent, les intérêts de l'équipe ont plus de chances d'être relégués au second rang face au désir de gagner du pilote. Grâce à la communication radio qui leur permet de parler directement au principal intéressé, les patrons assis sur le muret des stands ont quelques armes à leur disposition. Mais entre la douce persuasion et l'option nucléaire de menacer l'avenir du pilote au sein de l'équipe, il n'y a pas grand chose que le patron puisse faire.
"Si (le pilote) sent qu'il a encore une décision à prendre après que vous l'avez informé des faits et que vous lui avez fait une demande, alors c'est une façon de faire les choses", a dit Martin Whitmarsh, le patron de McLaren. "Ce que vous ne pouvez faire, c'est gérer vos pilotes en les menaçant de mesures disciplinaires, de bris de contrat et de choses du genre. À moins que la situation s'aggrave et que vous ayez déjà un autre pilote en attente !"
On peut comprendre que ce ne sont pas des options que Horner aura envie d'utiliser à l'égard de Vettel. Dimanche soir, le patron de Red Bull a indiqué que Vettel avait poussé les limites de la bonne volonté de l'équipe, mais qu'il ne les avait pas tout à fait dépassées.
"De toute évidence, il a choisi d'entendre ce qu'il voulait entendre", a dit Horner. "Il est un pilote de course et il n'a pas gagné des championnats sans pousser les limites. Il les a poussées aujourd'hui en ce qui concerne son coéquipier et l'équipe, mais cela fait cinq ans qu'ils forment un duo, ils ont gagné trois championnats des constructeurs consécutifs ensemble et ils ont signé 35 victoires au total. Il s'agit d'un des plus grands duos de tous les temps."
"Bien sûr, ils n'ont jamais été très proches et ils ne passeront jamais Noël ensemble, mais il y a du respect entre eux et je suis sûr qu'avec un peu de temps de réflexion, nous passerons rapidement à autre chose."
Malgré le comportement rebelle démontré par Vettel, Horner sait qu'il a un des plus forts duo de titulaires du plateau dans son équipe et qu'ultimement Red Bull va signer de bons résultats. L'autre option, ce serait d'avoir une hiérarchie très claire entre les deux pilotes, comme c'est le cas chez Ferrari avec Fernando Alonso et Felipe Massa.
"Je ne parle jamais des autres équipes, vous le savez, mais d'un point de vue plus général, cela fait partie de la compétition", a déclaré Stefano Domenicali, le patron de Ferrari, après le GP de Malaisie. "Chaque pilote pense qu'il est le plus fort, et c'est bien que ce soit ainsi, mais comprendre cet aspect fait partie de la maturité des pilotes que j'engage chez Ferrari."
Quant à savoir quelle approche est la meilleure, c'est difficile à dire. Nous pourrions affirmer que le combo Vettel-Webber est plus efficace et plus fort que le combo Alonso-Massa, mais si le fossé chez Red Bull se transforme en crevasse, la relation déjà fragile entre les deux pilotes pourrait tout simplement exploser.
Webber a affirmé qu'il s'attend à voir Vettel être "protégé comme d'habitude" par Red Bull. Cela signifie que Horner a une tâche énorme, soit tenter d'apaiser un pilote tout en disciplinant l'autre. Il avait presque réussi à accomplir cela après le GP de Turquie en 2010, lorsque ses pilotes étaient entrés en collision alors qu'ils se battaient pour la victoire, mais à l'époque il était difficile de dire qui était réellement responsable. En Malaisie, Vettel a clairement désobéi aux consignes. Cette fois, Horner doit agir et non simplement tenter de recouvrir les fissures.
De plus, il faut considérer qu'il est très probable qu'une situation similaire se reproduise à l'avenir. Puisque les pneumatiques Pirelli dictent énormément les stratégies de course, il ne sera pas inhabituel de voir des coéquipiers se rejoindre et se suivre pendant le dernier relais. Il faut donc s'attendre à ce que l'équipe leur demande de ne pas prendre de risques et de maintenir leurs gommes en bon état aussi longtemps que possible, surtout lorsque de gros points sont en jeu. Si la même situation se reproduit chez Red Bull, mais que l'ordre des pilotes est inversé, Vettel laissera-t-il passer Webber si on lui demande ? Et s'il n'obtempère pas, Webber prendra-t-il autant de risques pour passer devant ?
Horner espère peut-être "passer rapidement à autre chose", mais l'événement qui a eu lieu à la fin du GP de Malaisie risque d'avoir des répercussions au cours de cette saison qui ne fait que commencer.
Laurence Edmondson est éditeur-adjoint d'ESPNF1
http://fr.espnf1.com/redbull/motorsport/story/104357.html
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