Le Tribunal international se prépare

C'est jeudi matin, à Paris, que Pirelli et Mercedes se présenteront devant le Tribunal international (TI) pour expliquer les circonstances dans lesquelles se sont déroulés des essais privés controversés à la mi-mai.
Rappelons que suite au Grand Prix d'Espagne à Barcelone, l'écurie Mercedes a prolongé son séjour sur le Circuit de Catalunya pour y effectuer des essais à la demande de l'unique fournisseur de pneumatiques de la F1, Pirelli.
Les essais privés sont interdits pendant le durée du championnat, mais l'entente entre la FIA et Pirelli permet à cette dernière d'effectuer 1000km d'essais avec une équipe. Toutefois, il y a des conditions : les tests doivent être entièrement dirigés par Pirelli, toutes les écuries doivent avoir la même opportunité de participer, et la voiture utilisée doit avoir au moins deux ans.
En avril, Ferrari a bouclé des essais avec Pirelli après avoir dépoussiéré sa voiture de la saison 2011 ; il n'y a eu aucune controverse. Le cœur de la polémique concernant Mercedes, c'est que l'équipe s'est servie de sa monoplace 2013. De plus, les autres équipes n'auraient pas été informées de ces essais et disent en avoir pris connaissance seulement deux semaines après les faits, ce qui n'explique pas pourquoi aucune équipe n'a posé de question en constatant que Mercedes n'emballait pas son équipement au soir du GP d'Espagne.
Face à la réclamation de Red Bull, ainsi qu'à la demande de clarification de Ferrari, les commissaires du GP de Monaco (où la controverse a éclaté) ont fait parvenir le dossier à la FIA. Cette dernière, après avoir entendu les parties concernées, a remis le dossier sur le bureau du Tribunal international, une entité indépendante.

Quelles seront les conséquences ?
Pirelli affirme avoir entièrement respecté son entente ainsi que l'esprit sportif, avoir préalablement discuté de tels essais avec les équipes, et assure que Mercedes a testé une douzaine de pneus prototypes pour 2014, identifiés par des codes, et sous sa direction. Mercedes a rappelé qu'il n'était pas de sa responsabilité d'informer les autres écuries, et une rumeur circule à l'effet qu'elle aurait un courriel en provenance de la FIA l'autorisant à utiliser sa monoplace actuelle.
Bien entendu, le libellé de toute demande de renseignements et de toute correspondance sera analysé de très près. S'agit-il d'un cas de négligence, d'une erreur de bonne foi, d'un risque calculé, d'une faille exploitée, d'une communication mal interprétée, d'une zone grise du règlement ou d'une combinaison de ces possibilités ? Les preuves déposées devant le tribunal seront sûrement intéressantes.
Jeudi le 20 juin, le TI écoutera les explications et argumentations de Pirelli, Mercedes et toute autre partie souhaitant intervenir. Une décision pourrait être rendue suite à l'audience ou au cours des jours suivants. Il s'agit de la première convocation du tribunal depuis son instauration en 2010, donc le cas présent servira à essuyer les plâtres.
S'il y a des conséquence négatives pour Mercedes, elles pourraient prendre plusieurs formes. L'équipe pourrait recevoir une simple réprimande ou se voir imposer une amende. Une suspension de quelques courses ou un retrait de points font également partie des possibilités. Mais le TI a également le pouvoir de bannir une équipe du championnat ou d'effacer tous ses points.
Les conséquences sont moins claires pour Pirelli, puisque l'entreprise n'est pas engagée dans le championnat à titre de compétitrice mais à titre de fournisseur. Cependant, si le tribunal considère que Pirelli n'a pas respecté certaines conditions de son entente actuelle, cela pourrait avoir un impact sur les négociations portant sur la prolongation de son contrat, qui prend fin cette année. Le manufacturier a laissé entendre qu'il pourrait quitter la F1 si la décision du tribunal s'avère très défavorable à son égard.
Les réponses à ces nombreuses questions seront connues dans les jours à venir.
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